La facilitation, un premier pas vers l’entreprise libérée
Tout part d’un malentendu : il y a quelques années, au lieu d’acheter « Liberté et cie » d’Isaac Getz qu’une amie me conseillait, j’ai acheté « L’entreprise libérée » de Tom Peters, édité en 1992, soit 25 ans plus tôt !
Je ne crois pas au hasard, ce livre m’est tombé entre les mains pour une bonne raison. Qu’est-ce qu’il raconte ? Des exemples d’entreprises qui ont évité une faillite, ont gagné des parts de marché, se sont diversifiées, d’abord par une prise de conscience que les choses ne vont pas, ensuite par l’humilité du management de reconnaître qu’il n’a pas la clé, et puis en analysant ce qui se dit dans son marché : les clients, les fournisseurs, les collaborateurs bien évidemment, en utilisant ces informations dans des collaborations étroites entre toutes les parties prenantes pour dessiner une stratégie gagnante… Bref, de l’intelligence collective et du bon sens.
Si on prend FAVI, le premier exemple français d’entreprise libérée, il date lui aussi des années 80. Mêmes principes : les gens effectuent un travail pour produire des pièces pour des clients de l’industrie automobile. Ce qui a motivé Jean-François Zobrist ? Comment faciliter le travail de tous pour produire en qualité à moindre coût. Homme de bon sens, il a simplement écouté et pris en considération ce qui se disait à tous les niveaux depuis la base ouvrière. L’organisation en équipes autonomes s’est faite progressivement, parce que le contexte de forte concurrence a amené cette solution comme étant la plus adéquate.
Quel est le point commun ? Une démarche basée sur la nécessité de faire du bon boulot pour rester compétitifs, demande légitime qui émane généralement de la direction, en s’appuyant sur les compétences et l’expérience des collaborateurs et autres parties prenantes.
Qui peut faire ça ? Tout le monde, et il me semble que c’est même assez « basique ».
Alors comment se fait-il qu’il y ait dans les entreprises encore tellement de problèmes qui enrayent son bon fonctionnement ?
Frustrée de ne voir que peu appliqués les concepts donnés en formation, je me suis mise à la facilitation, càd faciliter les discussions au sein des équipes sur leur travail, ce qui pourrait l’améliorer et le rendre plus facile, des indicateurs pour mesurer que l’équipe va dans la bonne direction, créer des équipes de projets « organisationnels », faciliter les réunions de projet avec les parties concernées pour amener une solution compatibles avec tous les services… Mettre les mains dans le cambouis !
Le feedback que j’ai reçu ? « Pourquoi on ne tient pas ce genre de réunions plus souvent ? Là on discute des vrais problèmes pour améliorer le fonctionnement de l’équipe ! » « C’est la première fois depuis longtemps que dans une réunion stratégique, j’ai l’impression qu’on fait plus de « brain » que de « storm » ! » « En une réunion, j’ai plus appris quand dans toutes les formations en management que j’ai reçues ! » « Incroyable, en à peine 2 heures, on a défini et fait approuver 8 procédures sur 16, les gens étaient contents de se parler et d’échanger sur leur métier, et ça a renforcé l’esprit d’équipe ! »
Pourquoi de tels feedbacks positifs ?
Parce que la facilitation donne la parole à tous, elle intègre les différents points de vue - des différentes générations aussi, elle est orientée travail et solution, elle permet l’autorité par la mise en place d’un cadre en laissant une grande liberté quant au contenu, elle partage la responsabilité, elle permet la clarté, elle renforce l’esprit et améliore le bien-être au sein de l’équipe et surtout, elle convient à tous les différents profils de personnalité ! Bref, vous l’aurez compris, que du bon.
Le seul hic : ce n’est pas à un consultant extérieur de faciliter les discussions opérationnelles au sein des équipes, c’est le rôle du manager. Alors formez vos managers en facilitation ! C’est eux la clé pour une mise en route vers l’entreprise libérée tout en douceur !